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Kezako du livre

Kezako = "Qu'est-ce que c'est ?"

Un automne à Kyoto _ Karine Reysset

un-automne-a-kyoto.jpgEditions Ecole des Loisirs, Jeunesse
Publication : 16 avril 2010
182 pages _ 10 €

 

4ème de couverture : « Passé l’automne à Kyoto. Toute une saison, autant dire une éternité… Margaux en rêvait depuis toujours. Mais la veille de son départ pour le Japon, elle n’a plus envie. Entre-temps, elle a rencontré Mathias et ça change tout. Comment va-t-elle supporter ces trois longs mois de séparation, privée de Mathias, de ses caresses et ses baisers ? Pour ne rien arranger, elle vient d’apprendre que sa mère ne faisait plus partie du voyage et qu’elle-même allait jouer les jeunes filles au pair, coincée entre un père pas facile jà vivre et une petites sœur énergique comme une pile électrique.

Si elle savait !

Là-bas, Margaux va s’émerveiller devant ses premières feuilles d’érable rouges, les momiji, les fleurs de camélia et les temples illuminés.

Elle va rencontrer 2ric Dufay, jeune photographe au sourire carnassier et aux yeux pétillants qui a un don certain pour l’agacer.

Là-bas, l’automne va passer plus vite que prévu. »

 

Mon avis : Ce livre, qui m’était passé plusieurs fois sous les yeux pendant mon stage, se laissant caresser mais jamais capturer, c’est retrouvé le jour de mon départ indisponible. Et il m’aura fallu deux mois pour mettre fin à cette partie de cache-cache, ne voulant pas céder à la facilité en le commandant. Une attente fort bien récompensée.

            Un automne à Kyoto est une lecture simple et compliqué à la fois. Douce et bouleversante, voire touchante. Une jolie surprise pour un roman dédié à un lecteur de 12-16 ans.

            Margaux, 16 ans, qui s’apprête à quitter le Pays du soleil levant revient sur ces trois mois passé à Kyoto. Dans quel état elle est arrivée et dans lequel elle repart. Elle revient pour nous sur ses bons et moins bons souvenirs avec une écriture très mature pour son âge. Une maturité qui m’a un peu décontenancé au tout début mais au fur et à mesure, je m’y suis habituée. Un roman qui ressemble à un carnet entrecoupé de dessins, de listes qui ont le goût du savoir vivre japonais et de haïkus. Des petites choses qui trainent par-ci, par-là et qui s’avère en accord avec les sentiments du moment de notre Margaux.

 

Extrait :

« Avant de partir en excursion, nous avions eu droit à une visite guidée de la villa avec présentation de l’équipe. J’avais commencé à fureter dans la bibliothèque tandis que papa réglait avec Arata une sombre histoire de location de futons. Je suis tombée sur une vieille édition d’un ouvrage du XI° siècle, Notes de chevets, écrit par une courtisane de la cour de l’empereur du Japon, Sei Shônagon. Ce sont des sortes de listes dont les intitulés, pour ne parler que d’eux, sont charmants, comme : « Choses qui ont une grâce raffinée ; Choses qui semblent éveiller la mélancolie ; Choses qui émeuvent profondément ; Choses qui frappent de stupeur ; Choses qui remplissent d’angoisse. » Par exemple, dans « Choses qui font naître un doux souvenir de passé », il y a cette phrase qui m’a vraiment touchée en plein cœur : « Un jour de pluie où l’on s’ennuie, on retrouve les lettres d’un homme aimé jadis. » Ce livre m’a donné des idées et je m’en suis inspirée pour noter mes observations, tenir une sorte de carnet avec des dessins. »

 Automne%20au%20Japon%20(19)

            Au départ, enjouée, elle rêvait sans ne plus pouvoir s’arrêter de cet exode au Japon jusqu’à ce qu’elle rencontre Mathias après son déménagement. Le garçon romantique et doux dont elle était tombé amoureuse et qu’elle ne voulait plus quitter. Alors, le rêve s’était transformé en cauchemar vivant car en plus de devoir quitter son petit ami, maman ne venait plus non plus. « La chance de sa vie », qu’elle disait. Il faudra faire sans elle et supporter ce père qu’elle ne connaît qu’à moitié, au regard perpétuellement mélancolique et déprimé.

            Au début, c’est dur. Margaux se sent déprimé, ne trouve pas sa place jusqu’à ce que le charme opère. Elle tombera amoureuse des paysages zen et de la culture de Kyoto, des uniformes d’école et s’habituera à ne pas forcément savoir ce qu’elle mange. Le père jusqu’à présent qui avait paru si absent s’illuminera devant ses filles, leur faisant découvrir un pays qui lui avait manqué depuis la dernière fois qu’il y était venu, créant des souvenirs tous ensemble. Il y aura des rencontres de tout type mais il y aura surtout Eric, le photographe.

            Puis, les choses commenceront à basculer légèrement. Il y a aura la déchirure parentale et l’amour du regard du flashe qui se fonderont dans le décor. Alors, Margaux réalisera qu’en venant à l’autre bout du monde, ici au Japon, on mène une toute autre vie qu’il est parfois difficile de quitter.

            Un roman que j’aurais aimé découvrir dans un discours pour un public plus âgé.

 

Extrait n°1 :

  « Il y a des moments magiques comme ça où je peux apprécier le lieu – l’un des plus beaux sans doute – dans son dépouillement le plus total. Dans deux jours, nous rentrons en France. Enfin. Déjà. Dans un sens, je n’ai pas vu le temps passer. L’émotion m’étreint encore pour un rien : un portail en bois rouge, deux petites têtes en pierre enfouies dans la mousse, une statue de Jizô perdue devant une rizière, de l’eau qui ruisselle d’une fontaine. J’ai adoré les temples et les jardins, c’est ce que j’ai préféré, je crois. Et Apolline aussi. Ce qu’elle a pu s’amuser, pendant trois mois, à parcourir inlassablement les chemins fléchés, traçant une sorte de parcours dans ces labyrinthes végétaux ! A traverser, toujours gaie, toujours partante, les pièces d’eau sur les points ou les pas japonais. A glisser dans les galeries, sur les passerelles menant d’un bâtiment à l’autre. Elle ne s’est jamais lassée d’enlever ses chaussures à l’entrée, de s’asseoir pour contempler les magnifiques jardins, véritables tableaux vivants. Le contact du plancher de bois sous mes pieds va me manquer.

  Dans deux jours, maman et Mathias nous attendrons à l’aéroport. Je n’ai pas eu le courage de lui écrire. J’attends qu’un miracle se produise, qu’on me dise quoi faire. Dans deux jours, c’est Noël, qui sait ? »

 

Extrait n°2 :

  « Le taxi nous attend, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Quand je suis rentrée dans l’appartement, il faisait glacial, j’avais laissé la porte-fenêtre entrouverte. J’ai monté le chauffage, ajouté des couvertures sur mon père et ma sœur, dont les mains viraient au bleu. Je me suis immergée dans un bain brûlant en buvant du saké, mais je n’étais plus triste ni en colère. Après, j’ai ressorti l’ordinateur que j’avais rangé et j’ai récupéré les photos d’Eric dans la corbeille.

  Tout a déjà fondu sur le petit chemin. Il reste seulement quelques amas immaculés de-ci, de-là. C’est magnifique, inespéré, un cadeau d’adieu. Je n’ai pas à rougir de notre histoire. Je ne regrette rien, juste que ce soit fini. De qui je parle ? D’Eric, et aussi de Mathias. Ils m’ont tellement donné, chacun à sa manière.

  Kyoto, il est temps que je parte, tu m’as ensorcelée, divine, tu m’as presque rendue folle, tu nous as tous rendus fous. Tu vas me manquer. »challenge perso 2

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S
<br /> <br /> Oui, j'ai découvert ton blog en furetant sur un autre et je suis bien contente d'être tombé dessus !<br /> <br /> <br /> A bientôt !<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Heureuse de l'apprendre. Je viendrais à mon tour faire un tour sur le tien et zieuter les belles lectures que tu nous proposes.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> Merci pour ce joli billet qui donne envie ! Il me rappelle fortement "Le fruit du dragon" de Claire Ubac, publié à L'Ecole des Loisirs aussi, et qui parle d'une ado qui part en voyage au<br /> Vietnam...<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Merci à toi pour ton commentaire et ton passage. C'est la première fois que je te vois, non ? Je ne connaissais pas Le<br /> fruit du dragon, mais grâce à toi, je pense que je vais m'y intéresser.<br /> <br /> <br /> Merci et à bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />