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Kezako du livre

Kezako = "Qu'est-ce que c'est ?"

Retour à Reims _ Didier Eribon

retour à reimsEditions Fayard, Biographie
Publication : septembre 2009 (VF)
247 pages _ 18 €

 

4ème de couverture : « Après la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve son milieu d'origine, avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé et de retracer l'histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêle à chaque étape de ce récit intime et bouleversant les éléments d'une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie...

Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, Didier Eribon s'interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.

Un grand livre de sociologie et de théorie critique.

 

Didier Eribon est professeur à la faculté de philosophie, sciences humaines et sociales de l'université d'Amiens. Il a également enseigné à l'université de Berkeley (États-Unis). Auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999), Une morale du minoritaire (Fayard, 2001), D'une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française (Léo Scheer, 2007), il a été le lauréat 2008 du prestigieux Brudner Prize, décerné chaque année par l'université Yale. »

 

Mon avis : Le hasard fait bien les choses. J’avais déjà exprimé par le passé ma curiosité pour le monde homosexuel, d’où ma dernière lubie de découvrir le livre de Frédéric Mitterand (dont je parlerais dans un prochain article), où parallèlement j’ai dû lire Retour à Reims pour mon travail qui consistait à vendre le livre en question après conférence de l’auteur, lui aussi gay ; deux livres biographique complètement différent.

            Cette œuvre à une particularité à mes yeux que l’on reconnait en l’auteur qui est sociologue/philosophe. J’ai très peu lu d’autobiographie dans ma courte vie pour vous dire que celle-ci est unique en son genre car l’auteur nous donne deux points de vue pour chaque événement. Un avis personnel où les sentiments intimes nous sont exposés, puis un avis professionnel où le sociologue prend la place de la personne et s’autoanalyse, se critique, explique le : « pourquoi du comment ». Une méthode que l’on retrouve tout au long de la lecture et que je dois avouer, est assez particulière à vivre ; déstabilisante par le vocabulaire mais aussi par la façon d’exposer les faits. L’auteur s’autoanalyse d’un point de vue externe, totalement rationnel où le résultat est un peu effrayant tant il prône sur les sentiments sur certain moment.

            Toute fois, ça reste une lecture assez poignante où on apprend que le fils reviendra auprès de sa famille après 30 ans d’absence, date où son père décéda sans pour autant assister aux funérailles de cet homme qu’il haït et qu’il a haï toute sa vie. Une figure masculine qu’il n’a pas vraiment connu en fin de compte.

            On remarquera, au fil des pages, que se sont les femmes de son entourage qui l’ont le plus marqué, celles qui ont connu la guerre, la mort, la famine et la pauvreté. Cette grand-mère maternelle, libertine et volage qui a sut envoyer à la poubelle tous les préjugés de la société ouvrière de l’époque. Un comportement qui l’emmena jusqu’en prison pendant une période pour avoir avorté (c’était interdit et la contraception n’existait pas encore). Et cette autre femme, sa grand-mère paternelle qui au contraire de la première, soumise au possible, passa sa vie à faire des gosses, à les élever et à tenir la maison pendant que le mari et les plus vieux fils travaillent à l’usine. Sans oublier celle qui est la plus importante, sa propre mère, celle qui lui a offert les études qui le libéreront de ce milieu social jusqu’aux portes de la réussite. Bravant les interdits, allant jusqu’à travailler à l’usine où s’était perçu comme signe d’infidélité envers son mari sous toutes ses formes.

            Il y a un énorme passage où l’ancien jeune homme nous parle du régime de l’époque, de ce que c’était la politique, la pauvreté, son milieu social, la différence entre les riches et les pauvres. Un passage qui pour moi, c’est traîné en longueur et que j’ai fini par sauter jusqu’à arriver au moment où il commença les vraies études.

            Premier de sa famille à aller au collège, il décrit comment s’est déroulé son acheminement jusqu’aux études supérieurs, son intelligence et sa sottise du fils d’ouvrier. Son détachement familial au fur à et mesure que se creuse l’écart intellectuel et son apprentissage de l’homosexualité. Une « caste » où l’on sait que l’on va souffrir avant même d’apprendre qu’on y appartient, que l’on va y être entraîné. Cette souffrance que l’on découvre à travers des scènes anodines de tous les jours où on fait face aux insultes et à la violence jusqu’au jour où on en devient la cible.

            Puis, les premières confrontations au monde du travail. Les premiers rêves qui s’effondrent et d’autres qui se créent, les premiers pas dans le monde homosexuel et sa réussite sociale jusqu’à aujourd’hui.

            A la fin, il nous le dit, ce livre est sa vengeance pour les pauvres et pour lui-même.

 

            De ma rencontre avec l’auteur, je garderais le souvenir d’un homme charmant, calme à la voix basse et douce. A une poignée de main fragile, ressemblant plus à une caresse qu’à un jeu de force. Une personne tranquille en comparaison avec les sentiments exprimés dans son ouvrage.

eribon.gif 

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B
<br /> Cà me tente bien! Tu le vends super bien!!!! Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Merci à toi pour le compliment. D'autres dans le même thème sont à venir car j'ai pris un peu de retard dans mes billets. Tu aimes plus la biographique ou le thème<br /> de l'homosexualité ?<br /> <br /> <br /> <br />