Kezako = "Qu'est-ce que c'est ?"
4 Février 2010
Voici mon classique qui avait été nominé pour janvier mais n’ayant pas eu le temps de le publier à cause d’une grosse charge de travail, vous en aurez deux pour le prix d’un ce mois-ci.
Editions Hachette, Classique
Réédition : 28 juin 2006
224 pages _ 2,90 €
4ème de couverture :
« Depuis des siècles, on le pressent, on le redoute et on l’annonce ! La peur de l’Invisible a toujours hanté nos pères. Il est venu. »
Mon avis : Petit livret bien complet avec en introduction un petit peu d’histoire sur Maupassant, sa santé et ses contes fantastiques. Etant ma première immersion, moi, n’ayant jamais rien lu de lui, je dois dire que cette petite présentation m’a été bien utile. Car cela m’a permise de me préparer à ce que j’allais affronter, de comprendre pourquoi ces contes ont été écrit et ce qu’ils recelaient tous entre leurs lignes blanches encadrés : la peur de l’auteur, la trouille de la folie, une traque incessante.
Voici les titres que recèle ce petit trésor :
- La main écorchée ;
- La main ;
- Sur l’eau ;
- La peur ;
- Apparition ;
- Lui ? ;
- La chevelure ;
- Lettre d’un fou ;
- Le Horla (première version) ;
- Le Horla (deuxième version) ;
- L’auberge ;
- La morte ;
- L’homme de mars ;
- Qui sait ?.
Bien que Le Horla soit mis en avant dans le titre, ce n’est que quasiment à la fin du bouquin que nous avons affaire à lui, où devrais-je dire à eux comme il nous est donné la chance de découvrir les 2 versions du Horla.
Ici, c’est la première version que j’ai préféré où le malade s’adresse à des médecins au journal intime de la deuxième. Ce qui m’a le plus attirée c’est la volonté de faire comprendre, de vouloir convaincre ses compatriotes (et de se convaincre soi-même), qu’il n’est pas malade et que ce qu’il raconte il l’a bel et bien vécu de tout son corps. Comme-ci Maupassant s’adressait directement à moi, lectrice, et qu’il osait me dire : « Regardes ! Tu vois bien que je ne suis pas fou ? Que je n’ai pas imaginé tout ça ?! » Oui, car à travers ce conte on a l’impression de toucher plus qu’à une simple histoire fantastique, a quelque chose d’humain peut-être, un sentiment qui semble tourner à l’intérieur de son être et qu’il n’y a que l’écrit pour extérioriser.
Cette impression est plus ou moins vérifiée avec la seconde version où cette fois-ci l’homme retranscrit tout ce qu’il voit, tout ce qu’il ressent dans son carnet et la plume transpire la peur, la folie, ça sent la poursuite de quelque chose d’invisible qui vous guète. Quelque chose qui se trouve : « hors-là ».
En général, Maupassant a réussi son pari qui est celui de faire naître la peur, l’angoisse. L’une de mes lectures préférées ont été les deux premières : La main écorchée et La main, avec cette histoire de main sans corps qui avait tendance à s’animer afin de commettre un crime par strangulation avant de disparaître. Deux histoires à chaque fois narrée par un personnage plus ou moins extérieur à l’événement. Deux histoires qui m’ont menée à m’imaginer par une nuit sans sommeil ce que ça pouvait représenter une main desséchée trainant derrière elle des filins de muscles, au risque de m’apeurer moi-même.
J’ai aussi vécu avec terreur La peur. Un texte banal au premier abord mais qui m’a grandement surprise. Au départ, d’un rythme calme, le conte s’emballe tout à coup lorsque le personnage qui raconte son histoire en arrive à la scène de crime, le pire moment de frayeur de sa vie. Alors, tout se déroule très vite, tout se mélange, se chamboule à tel point que lorsque le moment en question arrive on vit le même pseudo arrêt cardiaque.
Bien sûr, il y en a d’autres mais je ne les narrerais pas toute. Je terminerais seulement avec Qui sait ? Une histoire dont j’ai eu la surprise de redécouvrir après ses longues années où j’ai quitté le collège. Une histoire que je trouve toujours aussi surprenante car comment réagiriez-vous vous si un soir vous rentriez chez vous et que vous y voyez vos meubles comme animé d’une vie propre déserter votre demeure ? Des meubles que vous retrouveriez tous comme par hasard chez un brocanteur à Rouen après plusieurs mois qui disparaîtraient à nouveau le soir même pour retourner à leur place initiale ? Je pense que j’aurais comme l’impression que les évènements m’échappent ou que quelqu’un se moque de moi et cherche à me rendre folle.
Je me souviendrais de ne plus jamais lire les contes de Maupassant la
nuit bien que se soit le moment de la journée où on les vit le mieux.